Tendances 2012 Voici quelques tendances qui semblent se dégager au niveau du calendrier des événements offerts. Les événements à guichets fermés C’est un peu normal qu’un événement planifie en fonction d’un nombre maximum de places disponibles, que ce soit pour prévoir le nombre de collations, les ravitaillements, les médailles et les chandails. Par contre il était rare jusqu’à récemment que les inscriptions atteignent ces maximum, sauf pour les plus gros événements. Ce n’est plus le cas. Depuis quelques années il est de plus en plus fréquent que les inscriptions pour certains événements affichent ‘complet’ bien avant le jour-J. Il est de plus en plus hasardeux d’attendre pour s’inscrire à la dernière minute. Dans certains cas, c’est la folie. Par exemple, les 650 places pour le 5k de la Grande Virée de Sentiers se sont envolés en 3 semaines, pour les 4 courses réservées aux enfants, on parle de moins de quelques jours. Les parents peuvent parfois devenir insistants et imaginatifs pour trouver une place pour leur enfant! Évidemment, pour les événements qui affichent complet, les inscriptions pour l’année qui suit finissent par s’envoler encore plus vite! Le marché noir des dossards Tendance importante découlant de la précédente. Il faut souvent s’inscrire longtemps d’avance à une compétition. Les aléas de la vie et les blessures font qu’un certain nombre de coureurs veulent revendre leur dossard. D’autant que pour certaines courses, l’investissement $ devient important. Dans le cas où une course est déjà à guichet fermés plusieurs semaines avant l’événement, il y a évidemment de nombreux coureurs qui, de leur côté, recherchent un dossard. Le terme ‘marché noir’ utilisé dans les médias pour parler de ce phénomène lors du marathon de Montréal de 2012 parait un peu ridicule. On ne parle pas ici de revendeurs qui tentent de faire de l’argent avec des dossards achetés à l’avance (bien que ça se peut). Par expérience, tant que les dossards eux-mêmes n’ont pas été imprimés et que l’inscription demeure un concept virtuel, il est relativement facile pour une organisation de permettre l’échange de ses dossards, surtout si c’est restreint à la même épreuve, à plein tarif. Tant que l’information pour le nouveau coureur est complète et la décharge de responsabilité est signée, il suffit d’échanger les coordonnées. Bon, c’est un peu plus compliqué que cela, mais c’est faisable. C’est un dossier que nous allons suivre… Point de saturation? Eh non, dans les stats de cette année, on ne voit pas encore cette tendance se poindre. Pour certains weekends, le nombre d’événements offerts est important, mais on dirait qu’il n’y a pas encore d’effet de ‘cannibalisation’. Les coureurs ont en tout cas de plus en plus l’embarras du choix. La saison morte raccourcit graduellement Le réchauffement planétaire et l’absence de neige aidant, la saison de course s’allonge par les deux bouts. Alors que la saison se termine traditionnellement pour la plupart des coureurs fin octobre pour redémarrer fin mars, on se rend compte que le calendrier de course à pied fait de plus en plus le pont. Le première moitié de novembre est encore propice aux courses sur route et en sentiers. En plus du traditionnel Défi Boréal de Cross-Country, on retrouve maintenant d’autres courses, la course au parc d’Oka retenant l’attention, avec 2163 finissants cette année. En décembre c’est surtout les courses de Noël qui prennent la place et se popularisent. Pas moins de 7 courses de Pères Noël cette année au Québec. En janvier et février les courses de raquette offrent une option extérieure alors qu’une nouvelle série de marathons intérieurs permet aux amateurs de courir au chaud. En février, il y a évidemment le demi hypothermique, qui a été complété par 764 coureurs en 2012. Le même week-end, le Défi de l’Ile Bizard a de son côté comptabilisé 999 finissants! On imagine que ce ne sont pas les mêmes coureurs, alors ça fait pas mal de gens qui ont le goût de participer à des courses en hiver. En février et mars, quelques festival hivernaux offrent également des courses. Ce n’est pas récent, car il y eu dans le temps le 10k du Carnaval de Québec, et évidemment la course des Pichous au Saguenay, elle aussi au départ associée à un festival. Au calendrier 2012 on a donc retrouvé des courses au Festival de Sherbrooke, à celui de Rouyn-Noranda, de Val-d’Or… Enfin, en mars, c’est le véritable réveil des coureurs, avec les Pichous, et puis le retour du Réveil du Coureur à Sherbrooke. Parions que les coureurs risquent d’être déjà pas mal éveillés! La croissance des événements ‘extrêmes’ Dès qu’un nouveau sport devient à la mode, il ne faut pas longtemps pour qu’une version un peu plus ‘extrême’ fasse son apparition. Et dès que la version plus ardue rejoint un plus large public, une version encore plus extrême est proposée. Il semble que cette ‘course’ à l’extrême finisse toujours par générer son lot d’événements qui ont le nom ‘death’ ou un quelconque terme anglais ou guerrier comme qualificatif. Soit on trouve un lieu plus éloigné, plus aride (désert, montagnes), une épreuve plus longue, plus escarpée… C’est le défi qui motive et non le résultat. Le phénomène commence à se pointer au Québec avec quelques épreuves conçues pour les plus exigeants: Trails D’abord côté trail, les formats offerts aux coureurs incluent de plus longues distances, des courses de nuit ou de possibilités de combiner plusieurs épreuves sur un weekend. Déjà le XC de la Vallée, fort populaire, offre un combinaison qui implique de courir 65k en forêt. En 2013, on verra apparaître le premier Ultra-Trail au Québec. Le dynamique groupe derrière le premier XC Harricana de Charlevoix offrira l’Ultra-Trail de Charlevoix (UTHC) d’une distance de 65km, comptant comme course qualificative pour l’UTMB (Mont-Blanc). De son côté, l’équipe derrière la série des Courses en Forêt a accueilli tout près des 600 finissants au Ultimate XC. Plusieurs régions entrent dans le bal, par exemple Quebec Mega Trail (Mont Ste-Anne) est apparu en 2012, le Trail de la Chute du Diable (Mauricie) proposera un 50k en 2013… Quelques événements grand-public de course à pied ‘sur route’ offrent aussi depuis peu des épreuves complémentaires en trail (Tour du Lac Brome, La Classique Émilie-Mondor, Wakefield Covered Bridge Run..). Possiblement le début d’une tendance qui introduira le trail à un plus grand nombre? Courses à Obstacles Autre tendance, l’apparition des courses à obstacles. Nouveau seulement depuis 2010-2011 au Québec, les courses à obstacles combinent l’équivalent d’un trail ou d’un cross-country avec des obstacles de type militaire, incluant assurément barbelés, boue, hautes barrières. Elles portent aussi un nom à l’avenant (Spartan Race, Warrior Dash, Tough Mudder, Défi des Vikings, XMan Race) et sont souvent inspirées des entrainements militaires. Elles attirent ceux qui trouvent la course sur route ennuyante. Personne ne s’y présente pour établir un bon chrono. Peu de chances que la fédération certifie le parcours! On pourrait penser que le nombre de participants est marginal, mais selon la revue Canadian Running, il y aurait eu quelques dizaines de milliers de participants en Ontario et en Colombie-Britannique en 2011 à ce genre d’épreuve. En 2013 on verra au moins 7 de ces événements se tenir au Québec. Des succursales de séries américaines, sauf pour le Défi des Vikings (depuis 2011) et à compter de 2013 le XMan Race, de l’équipe des XTrail Asics. Semblerait donc que ce phénomène va continuer à prendre de l’ampleur. Courses-concept étranges Ce ne sont pas toutes les courses qui vous promettent des ‘coups et blessures’, d’autres concepts sont apparus au Québec en 2012. Dont une course à obstacle où l’on doit courir avec un ananas. Mais le concept le plus étrange, qui nous a valu deux événements distincts en 2 semaines cet été à Montréal, c’est sûrement les courses de ‘couleurs’. Des course à priori ‘sur route’ de 5km où les coureurs, vêtus de blanc, se font ‘asperger’ de couleurs différentes à chaque station (à chaque kilomètre). Pas de la vraie peinture, mais une version genre fécule de maïs. Le but étant d’être le plus coloré possible à l’arrivée. À quand une course du style typiquement québécoise, où l’on se fait asperger de sauce poutine ou de sirop d’érable? Courses concept pour tout le monde Sérieusement, on verra assurément, même pour le grand public, de plus en plus de courses aux saveurs différentes, question de se démarquer et d’attirer une clientèle précise. On a plus besoin de vendre un ‘parcours’ plat et rapide pour tous. A preuve, le marathon de Magog a battu un record de participation en promettant des parcours magnifiques mais plutôt difficiles. On verra plus de courses qui se déroulent de nuit, à la frontale. On verra le retour des courses ‘gourmandes’ en 2013. Il n’y aura peut-être plus de courses de lits comme dans les années 80, mais on retrouve maintenant un duathlon en bixi! Courses bénéfices Ça c’est un concept qui ne plafonne pas. Peut-être assiste-t-on à un début de saturation? Ce qu’on remarque en tout cas, c’est que l’idée d’organiser une course pour lever des fonds devient un réflexe un peu rapide. En 2012 quelques courses nous ont été annoncées (pour être ajoutées au calendrier), puis en bout du compte elles n’ont pas eu lieu, l’organisation ne menant pas son projet à terme. Se serait gentil à ce moment de nous avertir. Les grandes chaînes américaines Autre tendance? Vous savez sans doute que Target et plein d’autres grandes surfaces arrivent au Canada pour pousuivre leur croissance. On parle ici d’une 2eme vague, après l’arrivée des Costco, Walmart et Home-Depot. Eh bien c’est un peu pareil en événements course à pied, mais on est dans la première vague. Dans certains cas, c’est le ‘branding’ qui vaut de l’or, et qui permet d’attirer des coureurs d’un peut partout. Par exemple, le Québec est bien fier d’avoir attiré l’organisation Ironman pour deux événements à Mont-Tremblant. C’est bien normal. Et en plus le succès semble avoir été retentissant. Et bien sûr il y eu l’acquisition du Marathon Oasis de Montréal qui a fait jaser en 2012. L’intégration du marathon à la Série Rock’n’Roll s’est bien déroulée, mais quiconque visite le site internet voit bien que parmi les 33 autres événements de la série, on y perd un peu en saveur locale Cette série, propriété de Competitor Group, basé à San Diego, semble avoir déjà saturé toutes les capitales où un gros marathon était possible, depuis elle ajoute des demi-marathons dans les capitales intermédiaires. Pour en faire des événements, disons-le poliment, quelque peu standardisés. Competitor Group vient justement d’être acquis par une nouvelle firme d’investissement, au coût de 250 millions, preuve que la course à pied devient rentable et risque dans certains cas de s’éloigner du concept de compétition sportive pour se transformer en festival touristique. Voilà la tendance. Une bon nombre de coureurs sont prêt à payer des sommes considérables pour participer à des gros événements, ou pour le dernier gadget pour la course, pour l’équipement ou les fringues techniques. Si on multiplie le tout par des centaines de milliers de ‘clients’, ça finit par faire un gros business, assez pour attirer les firmes d’investissements. Ces dernières, attendent des RnR, Ironman et autres séries des rendements sur leur investissement. Pas besoin même de délocaliser pour profiter des emplois sous-payées en Asie, dans le domaine des gros événements de course à pied, il n’y a qu’à trouver suffisamment de bénévoles, ce qui est facile si on s’adjoint un cause. Et l’autre façon de faire croître l’événement, c’est de le faire rouler dans le plus de lieux possible. Si le ‘branding’ est bon, ce seront les destinations elle-mêmes qui vont réclamer la présence. Ces séries sont d’ailleurs de plus en plus présentes ailleurs, notamment en Australie et en Europe. Évidemment, le concept et l’appellation sont contrôlée. Ironman par exemple est une marque déposée que personne ne peut utiliser. Même les événements moins agressifs veillent à leur marque. Saviez-vous par exemple qu’Ultra-Trail est un terme réservé en France, qui signifie une course de trail de plus de 80km avec certaines caractéristiques. On vous demandera de changer votre événement de nom s’il contient à la fois ultra et trail et ne respecte pas les caractéristiques, peu importe où vous soyez. On est un peu loin des événements locaux des années 80, et des courses gérées un peu à la bonne franquette par des clubs de routards. La tendance est donc bien établie, mais 2012 marque les premières présences, à notre connaissance, de ce genre de ‘succursales événementielles’ Voici donc une petite liste de séries américaines qui ont établi une présence au Québec en 2012, avec le nombre d’événements prévus pour 2013: Série Rock’n’Roll (28 en Amérique, 6 en Europe) Ironman Spartan Race (47 dates aux USA, 12 Canada dont 4 au Québec, 7 UK, + Inde, Mexique, Australie, Slovaquie en 2013) Warrior Dash (36 événements en 2013 pour l’instant) The Color Run (60+ événements, dont montréal) Color me Bad (50+ événements, dont 2 au Canada)