Course de la tribu 2011

Habituellement la course à pied est un sport individuel mais si vous voulez gagner la course de la Tribu vous vous devez d’être un bon joueur d’équipe. Probablement que vous être en train de vous demander: «Mais c’est quoi ça la course de la tribu?» Et bien voilà, il s’agit d’une course a relais sur 250 km entre Montréal et Québec, par équipe de 5. Chaque coureurs doit faire 5 fois 10 km et il n’y a pas de pause (ou presque). Une fois le 10 km terminé, le prochain coureur part sur-le-champ un peu comme le 4x100m aux Jeux Olympique, mais en plus long, plus lent et beaucoup plus prestigieux.  Je courais avec la fameuse Team Fradette Sport composé de 5 valeureux guerriers: Jérôme Riou, Marcel Riou, Frédéric Bouchard (moi), Daniel Riou et Yves Lefrançois.

Samedi matin a 11:28 exactement la course a commencé, j’étais le premier coureur à m’élancer pour mon 10 km. J’avais en tête de le faire assez relax parce que cette course ne se gagne certainement pas dans les 10 premiers kilomètres. Dès le 4 kilomètres les problèmes surviennent!  Et oui, trop confiant et peut-être même inconscient, je n’avais pas regarder le plan qui nous expliquait le trajet à suivre, donc ce qui devait arriver arriva, je suivais le peloton de tête à une centaine de mètres sans me soucier de rien je passe sous un viaduc (je sais à Montréal passer sous un viaduc, c’est risqué) et on me cri de tourner à droite, mais en fait la bonne direction c’était à gauche, j’ai donc fait un  détour d’environ 200m, une erreur pas trop grave, car 3 autres équipes avaient prit la mauvaise direction. Après avoir prit la bonne direction je m’engage sur un pont assez long et c’est là que les vrais ennuis ont commencés. La chaleur était accablante! Certains sont assez tolérant.. et bien pas moi! Les jambes étaient lourdes, je suais à grosses gouttes et je perdais des positions. J’ai dû lever le pied pour les 5 derniers km.  Team Fradette était alors en 10e position. Je donne le relais à Marcel qui part comme une flèche même si la semaine précédente il avait couru  le marathon de Rimouski et que la semaine précédente il avait couru le marathon de Montréal. Les relais se suivent et les coureurs de mon équipe font leur travail et nous replace en 3e position voici le classement après 5 relais:

1- 3h34m37s Poney Express
2- 3h37m28s Med Runners
3- 3h37m33s Fradette Sport
4- 3h37m48s La Locomotive

(suite par Daniel Riou)

Voici un petit vidéo dans lequel je résume nos premiers 50km:

Les kilomètres 50 à 100 passent relativement facilement. On passe les kilomètres en rattrapant toujours un peu de retard sur les autres équipes. Jérôme a beaucoup de plaisir à passer au travers du festival de la galette torse nu! Fred, Yves, Marcel et Daniel font des performances honnêtes… Seul problème, nous avions 2 autos (cela est interdit). On avait pas vraiment le choix, l’auto de Yves étant déjà à Montréal… On écope donc de 15 minutes de pénalités. Un peu triste, mais bon, il n’y a pas mort d’homme! La première neutralisation arrive après 120km. Malgré notre pénalité de 15 minutes, nous sommes en 3e position à environ 11minutes de la tête… Cela veut dire que nous avons parcouru la première moitiée du parcours 4 minutes plus vite que nos les premiers… Ce qui est plaisant dans cette course, c’est que tout peut arriver. Nous avions la chance de compter 4 marathoniens dans notre équipe. En effet, seule Jérôme n’a jamais fait de marathon… Par contre, il a, comme moi, participé à plusieurs tournois de badminton (dans lesquels on enchaîne généralement, 6 à 7 matchs de 30 minutes dans une journée, 2 à 3 jours de suite…). Je considère qu’on a donc un avantage: tout le monde dans notre équipe sait que cette course ne se joue pas dans les 120km. En effet, cette course est plutôt une histoire de nuit. Comment allez-vous réagir lorsqu’on vous réveille à 2h du matin pour aller courir 10km? Serez-vous capable de manger et de boire assez pour restituer vos réserves tout au long du parcours?

C’est ce que nous allions voir dans les prochains 130k.

Bon, ça peut premièrement donner des moments cocasses:

Mais c’est généralement assez difficile. Il fût difficile (en tout cas pour moi) de manger suffisamment pour refaire mes réserves énergétiques. Je n’avais aucunement envie de manger ou de boire. Meilleure coup de la fin de semaine: j’ai acheté au dépanneur une caisse de 12 cokes… qu’on a bu au complet! Je ne pensais pas, mais le coke, avec son bon goût (comparé aux boissons pour sportifs) aide à rester un peu hydraté. Merci aussi aux brownies à Fred qui goûtent tellement bon qu’ils se mangent sans faim 🙂

On court donc toute la nuit, sans relâche. On grignotte tranquillement des minutes à nos adversaires. Surprise de la nuit: Fred sort une grosse perfo lors de son 4e 10k. Il s’était gardé du jus! On continue donc jusqu’au km 200, où il y a une deuxième neutralisation. Problème cette fois-ci: au contraire de la première neutralisation, ici, pas de dépanneur, pas de subway… Juste un champ pour aller aux toilettes et aucun endroit où acheter de la nourriture. On fait donc une sieste, comme faire une sieste se peut lorsque 5 coureurs et 2 supporteurs se couchent dans une Dodge caravan… Disons que la nuit a été courte, dans mon cas, 10 minutes… On repart donc. Tout le monde à ce moment est fatigué et en a un peu assez… Sauf Fred, notre coureur de nuit. Je lève d’ailleurs mon chapeau à Fred, qui après avoir offert 3 10km «ordinaires» a su se relever et terminer en champion.

«Tu as le droit de te reposer, mais pas d’arrêter»

Il faut dire que Fred était jumelé au plus fort coureur des ponys express, l’équipe en première position à ce moment (nous sommes 4 secondes derrière eux). Pour le dernier 10km, Fred nous offre toute une perfo: il commence par suivre le coureur des ponys express, puis le passe en haut d’une côte! Je suis estomaqué par la performance, j’ai la larme à l’oeil, inspiré par ce guerrier. Voici ce que j’en pense:

Et voici la fin de la perfo de Fred:

Ensuite, Marcel doit courir son dernier 10km. Lors de la dernière neutralisation, il a reçu un traitement à son mollet droit. Selon lui, il va peut-être arrêter après 6km… J’acquiesce, mais au fond de moi-même, je sais que ce n’est qu’une façon de s’enlever de la pression et qu’il est beaucoup trop orgueilleux pour arrêter. Je dirais même qu’il est trop orgueilleux pour se ménager… En fait, il sait que l’équipe compte sur lui, il ne se permettrait pas de nous laisser tomber… Regardez ce sprint final: trouvez-vous qu’il a l’air d’avoir mal au mollet?

Quand-même, grosse performance de notre vétéran!

Ensuite, vient le tour de Yves. Yves est, comme il le dit, celui qui «traîne le lunch». Par contre, c’est aussi celui qui s’est le mieux entraîné pour cette course, complétant d’innombrables 10km. Parfois, jusqu’à 3 dans la même journée, quelle patience! Gonflé à bloc par la compétition d’équipe, Yves se fait rattraper, mais perd très peu de temps face aux autres équipes. Il fait tout pour garder la victoire possible! Il se fait mal, on le voit sur son visage, mais il complète son 10 km et en sort, il me semble, très heureux.

Ensuite, vient Jérôme. En mon for intérieur, je savais que Jé nous réservais une grosse performance. Avant son dernier 10k, il s’isole, écoute de la musique, se concentre. Se prépare à avoir mal, à tolérer la douleur. C’est étonnant, il semble savoir ce qui s’en vient, même si il n’a jamais couru plus de 30k. Son relais commence, il ne se donne aucun répit. Il reprend rapidement les 20-30 secondes de retard qu’on avait sur les autres équipes et part, seul en tête. C’est à lui que revient la tâche de monter la côte de cap-rouge. Il fait cela comme un chef en gardant un pace plus qu’honorable. On peut voir la souffrance sur son visage, mais il est dans la zone! Rien ne l’arrête. Voici la fin de son relais, il est épuisé!

Voilà, c’est à mon tour. Les gars m’ont mis la victoire sur un plateau d’argent, il ne me reste qu’à la cueillir. On a un peu d’avance, je pourrais «prendre ça relax».

Non.

Tous les autres ont souffert pour cette victoire d’équipe, je vais faire tout ce que je peux. En tant que capitaine, il me semble que c’est la moindre des choses. J’ai toujours gardé un peu de jus dans mes autres 10km, au cas où… maintenant, il n’y a plus de lendemain, il faut foncer! Je ne perd pas une seconde et sors ma plus grosse performance de la fin de semaine. Tout le long, j’ai mal, mais je me dis que les autres ont probablement eu aussi mal que moi en ce moment, que je vais le faire pour eux. Voilà le résultat:

Finalement, qu’en retires-t-on?

Yves: Au-delà de la victoire, c’était vraiment hot de nous voir nous défoncer comme ça pour l’équipe!

Jérôme: Mais j’ai aussi connu ce qui a fait notre force : Mental toughness! Merci à tous à chacun de vous pour avoir détruit vos jambes comme des bons!

Fred: Si t’es pas premier, t’es dernier!

Daniel: Une chaîne est aussi forte que le plus faible de ses maillons… et bien cette fois-ci, nous n’avions pas de maillons faible!

Marcel: Je suis plus que fier de vous tous, vous m’avez donner de la jeunesse et de l’énergie tout au long.

C’est étonnant de voir que notre cerveau ne retient souvent que le bon côté d’une histoire. Que nous reste-t-il de cette course? Pour moi, un gros feeling du devoir accompli. Une semaine après avoir gagné le marathon de Rimouski, je n’avais rien à prouver. Par contre, en tant que capitaine, je voulais absolument faire tout ce qui m’était possible de faire pour donner la victoire à mon équipe.

Mission accomplie

Fred Bouchard et Daniel Riou

 

Laissez un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces marqueurs HTML et les attributs:

<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>