Mythe 10: les zones d’entraînement Publié le novembre 12, 2011 par surintendant Les zones d’entraînements sont particulièrement populaires ces temps-ci. Pourquoi? Elles rendent l’entraînement beaucoup plus facile à gérer. L’efficacité de l’entraînement dans ces zones est souvent prouvé. C’est bien vu de dire: » j’ai fait x temps en R1! » Par contre, je crois (et je ne suis pas seul) que les bénéfices des zones sont surévalués. Je vais commencer par poser une question aux défendeurs des zones d’entraînement: Si, avec vos calculs de zone, vous ne vous entraînez jamais à courir à 4’40 » au kilomètre, mais que votre objectif est justement de courir à 4’40 » au kilomètre comment allez-vous faire pour vous y adapter? La première loi de l’entraînement, celle qu’on répète ad nauseam, c’est que les adaptations du corps à l’entraînement sont hautement spécifiques. Qu’est-ce que ça veut dire? En courant à 4’40 » au kilo, mes muscles, tendons, système nerveux, vaisseaux sanguins s’adaptent à cette vitesse. Cela ne veut pas dire de courir toujours à la même vitesse, loin de là. Par contre, je vois mal comment quelqu’un pourrait courir un 10km à une vitesse x si il n’a pas fait un volume d’entraînement raisonnable à cette vitesse (particulièrement en phase de préparation finale). Si vous voulez des zones d’entraînement, voici des zones pour une personne qui court un 10km en 50 minutes: Selon Jean-Yves Cloutier: R1 = 6’10 » R2 = 5’40 » R3 = 5’00 » R4= 4’45 » Selon Jack Daniels: Easy/Long E/L 6:19 Marathon M 5:26 Threshold T 5:06 Interval I 4:42 Surprise ce ne sont pas les mêmes zones! Pourtant, si ce sont les zones »magiques » desquelles on retire le maximum de bénéfices, ce devrait être les mêmes zones, non? Le PZI de Matt Fitzgerald conseil même jusqu’à 10 zones différentes: Zones 2,3,4:: 7:11 à 5:29 Zone 6 :5:13 à 5:03 Zone 8 : 4:44 à 4:39 Zone 10:: 4:26 et moins Encore une fois, les zones ne sont pas les mêmes… Mais pourquoi? Si il s’agit justement de zones magiques dans lesquelles il faut travailler et que les autres sont à éviter, normalement, on devrait avoir les même chiffres avec tous les coachs, non? Comment en sommes-nous arrivés-là? Les études sur les coureurs durent généralement un court laps de temps et doivent porter sur l’étude de paramètres bien précis. C’est pourquoi il y a beaucoup d’études sur l’entraînement à Vitesse Aérobie Maximale (VAM). Il y a aussi beaucoup d’études sur l’entraînement au seuil lactique (la notion de seuil est fortement débattue, mais il est relativement facile de mesurer le lactate sanguin). C’est donc normal qu’on ait beaucoup d’information sur ces seuils et c’est justement à ces seuils que les coachs essaient de vous faire courir. Par contre, on ne connaît pas précisément les améliorations qui se produisent entre ces zones. Ce n’est pas parce qu’on ne connaît pas les améliorations qu’elles n’existent pas! Voici des grands coureurs qui ne se sont pas limités au concept de zone: Paavo Nurmi, Emil Zatopek, Jim Peter, Gordon Pirie, Kip Keino, Frank Shorter, Haile Gebreselassie , Grete Waitz, et là, j’en passe et j’en passe. En faisant cette petite recherche rapide, je n’ai vu aucun coureur d’élite qui conseil de s’encadrer de zones très spécifique, quoi que cette recherche n’est pas la plus exhaustive. De mon point de vue de coach, il ne devrait pas y avoir de zones d’entraînement. Toutes les vitesses demandent des adaptations spécifiques. C’est insensé de se limiter à 3 vitesses différentes pour tous les entraînements. Si mon objectif est de courir mon 10k à 5minutes/km, comment devrais-je préparer mon corps à cet effort? En courant parfois plus vite et en courant parfois moins vite. Plus je serai proche de la date de ma course, plus mon entraînement spécifique et inclura des entraînements à 5’/k. Plus sur cela dans un futur billet sur la périodisation de l’entraînement. En plus, pour 2 personnes qui courent 10km en 50 minutes, faire des intervalles à 4’45 » n’aura probablement pas le même effet sur chacunes d’elles. Il faut d’abord baser ses vitesses d’entraînements sur la distance pour laquelle on se prépare et ses propres faiblesses. C’est généralement en améliorant nos faiblesses qu’on obtient les meilleurs résultats. Ce que je déplore, ce n’est pas tant le concept de zones que leur utilisation extrêmement stricte. Pour la personne sus-mentionnée, je ne crois pas que de courir à 4’50 » (vitesse suggérée par aucun des auteurs) sera particulièrement dangereux ou particulièrement inefficace. Un des dénominateurs communs des grands coureurs, c’est la variété! Finalement, je pense que les coachs ont créés ces zones afin de simplifier la vie des coureurs. Toutefois, en suivant des zones aussi strictement que certains le font, n’obtient-on pas l’effet contraire?